LE GRAND
VIRAGE de l’HUMANITE
de
Philippe GUILLEMANT
Laura
m’a offert à Noël le livre de ce physicien et j’écris le
présent texte pour faire part à
ma soeur,
ainsi qu’à d’autres, de mes impressions après lecture.
I)
Les Cosmothées
L’un
de mes professeurs de droit européen à l’Université de Paris
Assas, M. Boulouis, illustrait volontiers ses cours de remarques
lapidaires et d’aphorismes personnels. En voici deux: ”un bon
juriste n’a point le code dans la tête mais la tête dans le code”
et ”un bon juriste commence sa réponse en disant ”il faut
distinguer””.
Et,
en effet, le droit est une excellente école de rigueur. Il raisonne
en fonction de notions et de catégories qu’il définit avec
précision et distingue aussi nettement que possible les unes des
autres.
L’ouvrage
de Philippe GUILLEMANT procède de sa vision de l’univers et il me
semble utile de commencer par classer en typologie les diverses
conceptions qui se rencontrent à cet égard.
Le
mot qui m’était venu spontanément pour les désigner était
”idéologie” mais, alors que le premier élément du mot provient
bien de la racine indo-européenne qui a donné ”voir” en
français ” et ”savoir” dans d’autres langues, notamment
l’allemand et le sanskrit, le mot lui-même a pris un sens si
général en français, s’applique à tant de domaines où il n’est
question que de systèmes produits par une réflexion humaine qui
s’efforce de forcer la réalité à s’y conformer, qu’il rend
mal ce dont il s’agit.
L’allemand
dispose d’un meilleur terme ”Weltanschauung” qui exprime
synthétiquement, comme l’allemand excelle à le faire, le fait
d’observer le monde d’une certaine façon. Le mot a fait recette
parmi les autres langues germaniques. Les Suédois parlent ainsi de
”världsåskådning”, les Danois de ”verdensanskuelse” et les
Néerlandophones ont le mot ”wereldbeschouwing”. Malheureusement,
les Francophones sont de moins en moins familiers des langues
germaniques.
Les
Grecs disent de nos jours ”κοσμοθεωρια” qui est aussi
approprié parce que le grec garde le souvenir que la racine ”the-”,
qui se retrouve dans « théâtre », signifiait
« regarder ». Mais, en français, le mot « théorie »
a souvent une connotation spéculative que je souhaite éviter. C’est
pourquoi je préfère parler de « cosmothée », la vision
d’ensemble au travers de laquelle nous décryptons le monde.
Ces
cosmothées se regroupent en deux types qui se subdivisent chacune en
deux sous-types. Chacune de ces quatre cosmothées est étanche. Il
n’y a pas d’entre deux. Pour paraphaser Kierkegaard, c’est
« enten … eller ».
1)
Les cosmothées athées
La
première catégorie est constituée de cosmothées qui rejettent la
prémisse que le monde ait été créé par un (ou plusieurs) être
personnel supérieurement intelligent, ce que tout le monde comprend
habituellement par le terme « dieu ».
1
A) La cosmothée athée matérialiste
Cette
cosmothée a dominé graduellement les sciences à la faveur des
progrès de la connaissance opérés à partir du XVII
ème
siècle.
Elle
considère que le monde, que l’« existant », n’est
constitué que de matière et d’énergie réductibles à des
particules mesurables de différentes façons.
Dans
cette conception, la vie n’est qu’organique et résulte, en
l’absence d’intervention d’une intelligence personnelle
créatrice et ordonnatrice, d’une série de hasards émergeant
inexorablement au cours d’un temps s’étirant sur des milliards
d’années.
On
peut résumer cette cosmothée en disant que, pour elle, il n’y a
que le ciel physique, le premier ciel, et que l’homme n’est qu’un
corps. Il n’y a ni transcendance, ni immanence.
« L’homme
naît par hasard, se maintient par faiblesse et meurt par accident »,
pour paraphraser Jean-Paul Sartre.
C’est un des résumés les plus parlants de ce qu’est
inévitablement l’homme dans une telle conception, un zéro plus un
« epsilon » ne représentant pas grand chose.
Cette
pensée s’est imposée tout particulièrement à partir du milieu
du XIXème siècle, lorsque se diffusa « l’origine des
espèces » de Darwin qui postule que, loin de prouver une
conception réfléchie, l’adaptation des différentes espèces à
leur environnement s’explique par la sélection naturelle.
Cette
théorie fut ensuite importée dans et adaptée au libéralisme
économique. L’idée qu’il est dans l’ordre des choses que les
opérateurs économiques performants (« winners »)
éliminent ceux qui le sont moins «(« loosers ») et
prospèrent à leurs dépens n’est que la déclinaison du
darwinisme dans la science économique.
Ensuite,
cette idée fut transposée à l’humanité elle-même. Il serait
dans l’ordre des choses – et même nécessaire - que des hommes
meilleurs que les autres éliminent ceux qui leur sont inférieurs.
C’est l’eugénisme qui accepte que les hommes sains et vigoureux
éliminent ceux qui sont chétifs et malades. Mais, la notion de
supériorité se prêtant à une certaine marge d’appréciation
subjective, elle peut se caractériser aussi par le degré de fortune
et d’éducation, l’eugénisme « social » à la
Rockefeller, ou par des critères plus ou moins génétiques,
pseudo-ethniques, religieux. C’est notamment ce qui fonda le
nazisme. Le communisme de Staline, celui de Mao-Tse-Tung, celui de
Pol-Pot, firent de même sur des critères de classe sociale. C’était
au fond juste la mise en œuvre d’un eugénisme à rebours de celui
de Rockefeller mais le résultat n’était guère différent.
Je
voudrais faire une présentation aussi neutre que possible des
différentes cosmothées mais, c’est incontournable, la cosmothée
athée matérialiste est celle qui se prête le plus à la froide
justification des pires horreurs.
Le
transhumanisme en est un des plus récents avatars. L’homme se
résumant à son support corporel organique, il paraît opportun à
des gens qui adhèrent à la cosmothée athée matérialiste de
« l’améliorer » en lui appliquant des technologies
nouvelles. Ces gens voient comme un progrès la connexion de chaque
humain au cloud, sa transformation en une sorte d’émetteur-récepteur
en interopérabilité avec les réseaux numériques.
L’homme
n’ayant pas d’âme, son individualité n’étant qu’une
illusion résultant de ses ondes cérébrales, ces gens ne voient
guère de problème, dans « l’intérêt supérieur de tous »,
à insérer dans les corps des sondes, des puces, des
nanotechnologies permettant de recueillir des informations sur l’état
de santé et même sur les pensées et, pourquoi pas, de « corriger »
celles-ci.
Les
transhumanistes croient qu’ils pourront accéder à une vie
prolongée en améliorant leur corps mais aussi en passant de corps
en corps. Il suffira de télécharger les informations contenues dans
le cerveau du vieux corps pour les recharger dans le cerveau d’un
nouveau corps.
Inévitablement,
une telle société où la vie des individus se prolongerait
considérablement de cette façon devrait maîtriser et réduire
drastiquement sa reproduction. Tout se tient.
Le
transhumanisme s’inscrit en droite ligne dans le triangle de la
justification de l’abus dont le Darwinisme est la base. Il est
porteur de germes d’une monstruosité encore inégalée dans
l’histoire des hommes. Il doit être combattu avec la dernière
énergie. Je dirais plus encore que le nazisme dans les années 30 et
40.
1
B) La cosmothée athée non matérialiste
J’ai
cherché un adjectif qui puisse la caractériser aussi
synthétiquement
que possible mais sans succès.
La cosmothée athée non matérialiste postule que l’existant ne se
limite pas à des particules de matière et d’énergie mesurables.
C’est en cela que cette cosmothée n’est, à la différence de la
précédente, pas matérialiste. Pour elle, il y a plus. Toutefois,
ce plus n’est pas une intelligence créatrice et ordonnatrice ayant
une personnalité propre. En cela, elle est athée.
Il
y a beaucoup de variations sur ce qui est au-delà de la seule
matière mais, ce qui est globalement commun aux différentes
déclinaisons de cette cosmothée, c’est que l’homme fait partie
d’un tout conscient, une conscience, mais qui est conscient au
travers de lui. Cette cosmothée est donc très caractérisée par
l’immanence.
On
va y trouver tout ce qui se rattache plus ou moins au bouddhisme ou
en dérive, y compris son avatar moderne, le new age. Dans cette
cosmothée abondent les croyances en différentes formes de
réincarnation, de métempsychose. Par conséquent, elle est très
ouverte sur le deuxième ciel, le ciel spirite qui est naturellement
aussi appelé d’autres noms, notamment « conscience
universelle ».
La
physique des particules élémentaires, la physique quantique, qui
s’est développée à partir du XXème siècle a permis d’ouvrir
une fenêtre de la science dans la cosmothée athée non
matérialiste. En effet, il est maintenant bien admis que les
particules matérielles constitutives des atomes, protons, électrons
et neutrons ne sont qu’énergie. Les électrons et les photons se
comportent comme des particules ou bien comme des ondes selon la
façon dont ils sont observés, ce qui est déconcertant pour la
science matérialiste athée.
Il
n’est donc pas étonnant que ce soit justement la physique qui
s’ouvre à la cosmothée athée non matérialiste alors que,
d’autres disciplines comme la biologie, restent bien plus
conservatrices à cet égard.
Il
résulte
de tout cela que, éventuellement au moyen de vocables différents,
la cosmothée athée non-matérialiste admet que l’homme n’est
pas qu’un être matériel réductible à un corps physique mais est
aussi une âme.
2)
Les cosmothées théistes
A
la différence des précédentes, les cosmothées théistes
expliquent toutes l’existant par l’intervention d’une (ou de
plusieurs) intelligence personnelle créatrice et ordonnatrice, ce
que l’on entend habituellement par « dieu ».
Mais
il y a à cet égard deux conceptions radicalement différentes de ce
qu’est l’homme par rapport à ce (ou à ces) dieu créateur.
Soit
ce dieu est d’une nature qui le sépare complètement, absolument
et définitivement de l’homme. Il s’agit alors d’une cosmothée
théiste transcendante.
Soit,
tout en étant autre et distinct, transcendant, ce dieu peut aussi
demeurer d’une façon ou d’une autre en l’homme et la nature de
l’homme peut-être changée pour participer à la nature de Dieu.
Il s’agit en ce cas d’une cosmothée théiste transcendante et
immanente.
2
A) Les cosmothées théistes transcendantes
Elles
ont été les plus universellement répandues et les plus nombreuses
dans l’histoire de l’humanité.
Pour
ces cosmothées, la nature de leur (ou de leurs) dieu est
radicalement autre et éternellement séparée de celle des hommes.
On
y trouve les religions de l’antiquité.
Par
exemple, les dieux grecs étaient « localisés » sur le
mont Olympe. Mais,
à
leur mort, les hommes partaient dans les enfers qui se composaient de
différentes sections, celle des « Champs Elysées »
étant la plus attractive. Les hommes n’allaient pas vivre chez
leurs dieux.
Sur
ce point, la religion des Romains n’était guère différente et, à
quelques variations près, celle des Germains ou celle des Egyptiens
n’étaient pas fondamentalement autres.
Parce
que le monde de dieu et celui des hommes sont étanchement séparés,
les cosmothées théistes transcendantes cherchent des moyens d’être
en paix avec dieu ou avec les dieux. Je dirais même qu’elles
cherchent ce qu’il faut faire pour que dieu laisse les hommes
tranquilles, leur « fiche la paix, » dirait-on
vulgairement.
Par
conséquent, ces cosmothées vont énormément insister sur des
rites, des sacrifices, des bonnes œuvres, dans l’espoir que dieu
soit satisfait et ne vienne pas troubler leurs affaires.
De
nos jours, l’islam est paradigmatique de ce type de cosmothée avec
des prescriptions précises appelées « cinq piliers »
qui consistent toujours à FAIRE différentes
choses pour
s’assurer la faveur d’al-Lah.
A
cet égard, il ne faut pas exagérer le caractère radicalement
différent des cosmothées transcendants polythéistes et des
cosmothées transcendantes monothéistes.
Dans
les faits, même dans les systèmes polythéistes, telle cité avait
son propre dieu plus important que d’autres dont elle ne se
souciait guère.
Artemis
suffisait aux affaires d’Ephèse. A Delos comme à Delphes, on ne
se souciait guère que d’Apollon.
Je
me demande si pas mal de religions polythéistes ne sont pas
résultées de la constitution d’États regroupant plusieurs cités.
Spécialiser chaque dieu était un moyen de les faire coexister « en
bonne intelligence » sans risquer de friction religieuse entre
les
différentes
cités
fédérées.
Quant
on décline Zeus en grec, les cas obliques sont formés d’une autre
racine, celle-là même qui signifie « dieu » en latin
(deus) et en lituanien (dievas). Il est d’ailleurs remarquable que
le mot a été emprunté à une époque très ancienne dans les
langues fenniques et qu’il y signifie « ciel » (taivas
en finnois). Par conséquent, les cas obliques de « Zeus »
montre qu’il était considéré comme le dieu par excellence.
La
transcendance de dieu n’exclut pas qu’il fraie avec des humains,
ce qui abonde dans les religions antiques grecque et romaine.
Toutefois, les héros
qui en naissent ne sont que des sortes de surhommes mais n’en sont
pas égaux des dieux pour autant.
Aussi,
cette différence avec la religion transcendante stricte qu’est
l’islam « Il n’engendre pas et Il n’est pas engendré »
ne modifie pas fondamentalement le fait que dieu reste toujours
radicalement séparé des hommes. C’est pourquoi, sur ce point il
n’y a pas de différence substantielle avec la cosmothée athée
non-matérialiste, ceux-ci ont un corps matériel et une âme immatérielle
et leur existence se partage entre le ciel physique, le premier ciel,
et le ciel spirite, le deuxième ciel.
2
B) Les cosmothées théistes transcendantes et immanentes
Il
n’y a que le Judéo-christianisme qui se rencontre dans cette
cosmothée particulière.
Dieu
y est transcendant. Il existe éternellement et est le créateur d’un
monde auquel Il est extérieur « Les cieux des cieux ne peuvent
pas Te contenir ». En cela, Il ne se différencie pas de dieu
dans les cosmothées théistes strictement transcendantes.
Mais,
Ses
rapports avec l’homme n’y sont pas de la même nature.
« L'Éternel
Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses
narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant ».
Genèse 2:7 décrit la naissance à la vie du premier homme comme
résultant de l’insufflement en Lui d’un souffle de vie provenant
directement de Dieu Lui-même.
Bien
plus, dans plusieurs
textes de l’Ancien Testament, on voit Dieu déposer
sur des hommes de Son propre souffle ou esprit car le mot, ruakh, est
le même en hébreu.
« L'Éternel
descendit dans la nuée, et parla à Moïse; il prit de l'esprit qui
était sur lui, et le mit sur les soixante-dix anciens. Et dès que
l'esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent; mais ils ne
continuèrent pas. Il y eut deux hommes, l'un appelé Eldad, et
l'autre Médad, qui étaient restés dans le camp, et sur lesquels
l'esprit reposa; car ils étaient parmi les inscrits, quoiqu'ils ne
fussent point allés à la tente; et ils prophétisèrent dans le
camp » (Nombres 11:25-26).
« Dès
que Saül eut tourné le dos pour se séparer de Samuel, Dieu lui
donna un autre coeur, et tous ces signes s'accomplirent le même
jour. Lorsqu'ils arrivèrent à Guibea, voici, une troupe de
prophètes vint à sa rencontre. L'esprit de Dieu le saisit, et il
prophétisa au milieu d'eux » (1 Samuel 10.9-10).
« Lorsqu'ils
eurent passé, Élie dit à Élisée: Demande ce que tu veux que je
fasse pour toi, avant que je sois enlevé d'avec toi. Élisée
répondit: Qu'il y ait sur moi, je te prie, une double portion de ton
esprit! Élie dit: Tu demandes une chose difficile. Mais si tu me
vois pendant que je serai enlevé d'avec toi, cela t'arrivera ainsi;
sinon, cela n'arrivera pas. Comme ils continuaient à marcher en
parlant, voici, un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent
l'un de l'autre, et Élie monta au ciel dans un tourbillon. Élisée
regardait et criait: Mon père! mon père! Char d'Israël et sa
cavalerie! Et il ne le vit plus. Saisissant alors ses vêtements, il
les déchira en deux morceaux, et
il releva le manteau qu'Élie avait laissé tomber. Puis il retourna,
et s'arrêta au bord du Jourdain; il prit le manteau qu'Élie avait
laissé tomber, et il en frappa les eaux, et dit: Où est l'Éternel,
le Dieu d'Élie? Lui aussi, il frappa les eaux, qui se partagèrent
çà et là, et Élisée passa. Les fils des prophètes qui étaient
à Jéricho, vis-à-vis, l'ayant vu, dirent: L'esprit d'Élie repose
sur Élisée! Et ils allèrent à sa rencontre, et se prosternèrent
contre terre devant lui » (2
Rois 2:9-15).
Ce
n’est donc pas en cela que le Nouveau Testament se démarque de
l’Ancien mais les effusions y sont d’une portée encore plus
profonde car l’Esprit s’y fait esprit d’adoption qui rend les
hommes enfants de Dieu :
« Mais
vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et
vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la
Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre » (Actes 1:8).
« Le
jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu.
Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent
impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des
langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées
les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent
tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres
langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer » (Actes
2:1-4).
« Les
apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie
avait reçu la parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci,
arrivés chez les Samaritains, prièrent pour eux, afin qu'ils
reçussent le Saint Esprit. Car il n'était encore descendu sur aucun
d'eux; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur
Jésus. Alors
Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint
Esprit » (Actes
8:14-17).
«Comme
Pierre prononçait encore ces mots, le Saint Esprit descendit sur
tous ceux qui écoutaient la parole. Tous les fidèles circoncis qui
étaient venus avec Pierre furent étonnés de ce que le don du Saint
Esprit était aussi répandu sur les païens. Car ils les entendaient
parler en langues et glorifier Dieu. Alors Pierre dit: Peut-on
refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint Esprit aussi
bien que nous? Et
il ordonna qu'ils fussent baptisés au nom du Seigneur. Sur quoi ils
le prièrent de rester quelques jours auprès d'eux » (Actes
10:44-48).
Ainsi
se manifeste une immanence qui va jusqu’à donner à de simples
hommes le pouvoir d’exercer la puissance créatrice et réparatrice
de Dieu Lui-même. C’est pourquoi les Actes des apôtres relatent
beaucoup de miracles, du même ordre de ceux qu’opérait Jésus
Lui-même :
« Et
Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul, au
point qu'on appliquait sur les malades des linges ou des mouchoirs
qui avaient touché son corps, et les maladies les quittaient, et les
esprits malins sortaient » (Actes
19:11-12).
«Il
y avait beaucoup de lampes dans la chambre haute où nous étions
assemblés. Or,
un jeune homme nommé Eutychus, qui était assis sur la fenêtre,
s'endormit profondément pendant le long discours de Paul; entraîné
par le sommeil, il tomba du troisième étage en bas, et il fut
relevé mort. Mais Paul, étant descendu, se pencha sur lui et le
prit dans ses bras, en disant: Ne vous troublez pas, car son âme est
en lui. Quand il fut remonté, il rompit le pain et mangea, et il
parla longtemps encore jusqu'au jour. Après quoi il partit. Le jeune
homme fut ramené vivant, et ce fut le sujet d'une grande
consolation » (Actes
20:9-12)
L’Esprit
qui demeure dans l’homme né de nouveau peut en faire pousser des
fruits spirituels venant de Dieu Lui-même:
« Mais
le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience,
la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance;
la loi n'est pas contre ces choses. Ceux qui sont à Jésus Christ
ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous
vivons par l'Esprit, marchons aussi selon l'Esprit » (Galates
5:22-25).
Il
peut aussi manifester Sa puissance par des dons spirituels toujours à
l’oeuvre de nos jours (pour ceux qui n’auraient jamais entendu
parler de gens comme Katheryn Kuhlman pendant le ministère de
laquelle les guérisons d’incurables se comptèrent en plusieurs
centaines de milliers documentées par les dossiers médicaux, Heidi
Baker, Jean-Luc Trachsel parmi tant et tant et tant d’autres) :
« Il
y a diversité de dons, mais le même Esprit; diversité de
ministères, mais le même Seigneur; diversité d'opérations, mais
le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation
de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune. En effet, à l'un
est donnée par l'Esprit une parole de sagesse; à un autre, une
parole de connaissance, selon le même Esprit; à un autre, la foi,
par le même Esprit; à un autre, le don des guérisons, par le même
Esprit; à un autre, le don d'opérer des miracles; à un autre, la
prophétie; à un autre, le discernement des esprits; à un autre, la
diversité des langues; à un autre, l'interprétation des langues.
Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à
chacun en particulier comme il veut » (1
Corinthiens 12:4-11).
Dans
le christianisme (et le judaïsme messianique), l’amour de Dieu
pour l’homme est tel qu’Il va jusqu’à faire habiter Sa voix
créatrice dans un corps d’homme.
« La
voix de l'Éternel retentit sur les eaux, Le Dieu de gloire fait
gronder le tonnerre; L'Éternel est sur les grandes eaux. La voix de
l'Éternel est puissante, La voix de l'Éternel est majestueuse. La
voix de l'Éternel brise les cèdres; L'Éternel brise les cèdres du
Liban, Il les fait bondir comme des veaux, Et le Liban et le Sirion
comme de jeunes buffles. La voix de l'Éternel fait jaillir des
flammes de feu. La voix de l'Éternel fait trembler le désert;
L'Éternel fait trembler le désert de Kadès. La voix de l'Éternel
fait enfanter les biches, Elle dépouille les forêts. Dans son
palais tout s'écrie: Gloire! » (Psaume
de David 29:3-9)
« Je
publierai le décret; L'Éternel m'a dit: Tu es mon fils! Je t'ai
engendré aujourd'hui. Demande-moi et je te donnerai les nations pour
héritage, Les extrémités de la terre pour possession; Tu les
briseras avec une verge de fer, Tu les briseras comme le vase d'un
potier. Et maintenant, rois, conduisez-vous avec sagesse! Juges de la
terre, recevez instruction! Servez l'Éternel avec crainte, Et
réjouissez-vous avec tremblement. Baisez le fils, de peur qu'il ne
s'irrite, Et que vous ne périssiez dans votre voie, Car sa colère
est prompte à s'enflammer. Heureux tous ceux qui se confient en lui!
« (Psaume
de David 2:7-13)
« Au
commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la
Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes
choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a
été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la
lumière des hommes » (Jean 1:1-4).
La
Voix de Dieu ou Parole de Dieu est aussi Sagesse de Dieu :
« Moi,
la sagesse, j'ai pour demeure le discernement, Et je possède la
science de la réflexion. La crainte de l'Éternel, c'est la haine du
mal; L'arrogance et l'orgueil, la voie du mal, Et la bouche perverse,
voilà ce que je hais. Le conseil et le succès m'appartiennent; Je
suis l'intelligence, la force est à moi. Par moi les rois règnent,
Et les princes ordonnent ce qui est juste; Par moi gouvernent les
chefs, Les grands, tous les juges de la terre. J'aime ceux qui
m'aiment, Et ceux qui me cherchent me trouvent. Avec moi sont la
richesse et la gloire, Les biens durables et la justice. Mon fruit
est meilleur que l'or, que l'or pur, Et mon produit est préférable
à l'argent. Je marche dans le chemin de la justice, Au milieu des
sentiers de la droiture, Pour donner des biens à ceux qui m'aiment,
Et pour remplir leurs trésors. L'Éternel m'a créée la première
de ses oeuvres, Avant ses oeuvres les plus anciennes. J'ai été
établie depuis l'éternité, Dès le commencement, avant l'origine
de la terre. Je fus enfantée quand il n'y avait point d'abîmes,
Point de sources chargées d'eaux; Avant que les montagnes soient
affermies, Avant que les collines existent, je fus enfantée; Il
n'avait encore fait ni la terre, ni les campagnes, Ni le premier
atome de la poussière du monde. Lorsqu'il disposa les cieux, j'étais
là; Lorsqu'il traça un cercle à la surface de l'abîme, Lorsqu'il
fixa les nuages en haut, Et que les sources de l'abîme jaillirent
avec force, Lorsqu'il donna une limite à la mer, Pour que les eaux
n'en franchissent pas les bords, Lorsqu'il posa les fondements de la
terre, J'étais
à l'oeuvre auprès de lui,
Et je faisais tous les jours ses délices, Jouant sans cesse en sa
présence, Jouant sur le globe de sa terre, Et
trouvant mon bonheur parmi les fils de l'homme »
(Proverbes de Salomon 8 :12-31).
« Le
Fils de l'homme est venu, mangeant et buvant, et ils disent: C'est un
mangeur et un buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise
vie. Mais
la sagesse a été justifiée par ses oeuvres »
(Matthieu
11:19).
Mais
l’immanence ne s’arrête pas là. Les fils de Dieu seront
transformés en la gloire de leur Père, notion qu’il faut
comprendre comme se référant au « Kabod », en quelque
sorte la « substance » même de Dieu. C’est cela que
l’on traduit par « gloire » en français.
«Mais
quelqu'un dira: Comment les morts ressuscitent-ils, et avec quel
corps reviennent-ils?
Insensé!
ce que tu sèmes ne reprend point vie, s'il ne meurt. Et ce que tu
sèmes, ce n'est pas le corps qui naîtra; c'est un simple grain, de
blé peut-être, ou de quelque autre semence;
puis
Dieu lui donne un corps comme il lui plaît, et à chaque semence il
donne un corps qui lui est propre.
Toute
chair n'est pas la même chair; mais autre est la chair des hommes,
autre celle des quadrupèdes, autre celle des oiseaux, autre celle
des poissons.
Il
y a aussi des corps célestes et des corps terrestres; mais autre est
l'éclat des corps célestes, autre celui des corps terrestres. Autre
est l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, et autre l'éclat
des étoiles; même une étoile diffère en éclat d'une autre
étoile. Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Le corps est
semé corruptible; il ressuscite incorruptible;
il
est semé méprisable, il ressuscite glorieux; il est semé infirme,
il ressuscite plein de force; il est semé corps animal, il
ressuscite corps spirituel. S'il y a un corps animal, il y a aussi un
corps spirituel.
C'est
pourquoi il est écrit: Le premier homme, Adam, devint une âme
vivante. Le dernier Adam est devenu un esprit vivifiant. Mais ce qui
est spirituel n'est pas le premier, c'est ce qui est animal; ce qui
est spirituel vient ensuite.
Le
premier homme, tiré de la terre, est terrestre; le second homme est
du ciel. Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres; et tel
est le céleste, tels sont aussi les célestes. Et de même que nous
avons porté l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du
céleste. Ce que je dis, frères, c'est que la chair et le sang ne
peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n'hérite
pas l'incorruptibilité. Voici, je vous dis un mystère: nous ne
mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en
un clin d'oeil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et
les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons
changés. Car il faut que ce corps corruptible revête
l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité.
Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et que
ce corps mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira la
parole qui est écrite: La mort a été engloutie dans la victoire »
(1
Corinthiens 15:35-54).
Pour
bien comprendre les différences,
la cosmothée théiste transcendante et immanente distingue trois
cieux, le premier ciel ou ciel physique dont relève le corps ;
le ciel spirite ou deuxième ciel auquel a accès l’âme et ciel
glorieux ou troisième ciel qui n’est accessible qu’à l’esprit
régénéré par Dieu.
« Il
faut se glorifier... Cela n'est pas bon. J'en viendrai néanmoins à
des visions et à des révélations du Seigneur. Je connais un
homme en Christ, qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu'au
troisième ciel (si ce fut dans son corps je ne sais, si ce fut hors
de son corps je ne sais, Dieu le sait). Et je sais que cet homme (si
ce fut dans son corps ou sans son corps je ne sais, Dieu le sait) fut
enlevé dans le paradis, et qu'il entendit des paroles ineffables
qu'il n'est pas permis à un homme d'exprimer » (2
Corinthiens:12:1-4).
Toutefois,
si Dieu aime l’homme d’un amour si ardent, si Sa Sagesse trouve
Son bonheur parmi les fils des hommes, il y a quelque chose qui
s’interpose entre eux et qui menace leur communion, c’est le
péché.
« L'aiguillon
de la mort, c'est le péché; et la puissance du péché, c'est la
loi » (1
Corinthiens 15 :-56).
Le
péché tient un rôle
central dans la cosmothée théiste transcendante et immanente car,
si des rites et des œuvres permettent à ceux de la cosmothée
théiste transcendante d’espérer être admis éternellement dans
le deuxième ciel, quel que soit son appellation, cela ne permet pas
d’accéder au troisième ciel, celui qui est la demeure de Dieu
Lui-même, le ciel glorieux.
Pour
cela, il faut avoir été transformé de gloire en gloire et être
saint comme Dieu.
C’est
au-delà de ce qu’un homme peut faire de lui-même et sur lui-même.
Aucune tour de Babel n’atteindra jamais le troisième ciel.
Non,
mais on y entre par l’échelle que Dieu a montrée à Jacob à
Bethel et cette échelle s’appelle Jésus, alias la Voix, la Parole
et la Sagesse de Dieu.
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